Oiseaux migrateurs : Pas de panique

Publié le par member RJP

 

 Article du 22/03/2006  

                 Oiseaux migrateurs: «Pas de panique»

 

 

GRIPPE AVIAIRE. LES ORNITHOLOGUES CHARGÉS DE SURVEILLER LE DÉPARTEMENT SONT PLUTÔT RASSURANTS.

 Gilles Béchard et Jean-Claude Miquel sont ornithologues à la Société des sciences naturelles de Montauban. Observateurs privilégiés du monde migrateur dans le département, ils sont accrédités à porter un regard sur le dossier de la grippe aviaire...

 

Quand on parle d'oiseaux migrateurs, qu'en est-il pour le Tarn-et-Garonne ?

Le comportement des oiseaux migrateurs retient depuis plusieurs semaines l'attention des hommes, qu'ils soient agriculteurs, éleveurs, agents de l'administration de la santé, de l'alimentation, des services vétérinaires ou simples citoyens préoccupés par leur santé. Depuis le début février, des mouvements migratoires ont pu être observés. Chaque jour, de nouveaux oiseaux arrivent dans notre département pendant que d'autres s'envolent vers des contrées plus nordiques. Alors que les premières hirondelles ont été observées début mars voletant au-dessus de quelques plans d'eau du Tarn-et-Garonne, plusieurs centaines de grues cendrées traversaient le département, jeudi dernier.

Quel est le rôle des ornithologues ?

Nous sommes particulièrement actifs en cette période de migration. Ceux de la Société des sciences naturelles observent tout particulièrement les oiseaux fréquentant le plan d'eau du confluent du Tarn et de la Garonne près de Saint-Nicolas-de-la-Grave...

Vous y avez découvert des oiseaux morts dernièrement ?

A ce jour, aucun oiseau malade ou mort n'a été découvert dans ce milieu. Ce sont cependant près de cinq mille oiseaux aquatiques appartenant à une trentaine d'espèces différentes qui fréquentent quotidiennement cette zone humide

Quelle est, selon vous, la probabilité de découvrir un oiseau sauvage migrateur mort de l'attaque du virus H5N1 ?

Les oiseaux migrateurs de l'Europe de l'Ouest viennent pour la plupart d'Afrique, et pour arriver jusque chez nous, ils ont entrepris leur migration depuis plusieurs semaines ce qui laisse largement le temps au virus H5N1 de provoquer la mort de l'oiseau avant qu'il n'atteigne les frontières de notre pays. Pour des oiseaux en pleine possession de leurs moyens, la migration est en effet déjà un périple à très haut risque, durant lequel beaucoup périssent.

Alors comment expliquer la présence d'oiseaux sauvages décimés par le virus de la grippe aviaire et trouvés morts dans la partie Est de la France et plus loin encore dans le Nord de l'Allemagne?

Les médias parlent le plus souvent de canards sauvages trouvés morts sans préciser les espèces et encore moins leur origine...

D'accord mais ces canards sauvages n'ont-ils pas fréquentés des volailles domestiques ou des produits venant des élevages avicoles?Les cygnes représentent un grand pourcentage des oiseaux trouvés morts. Le plus souvent, d'après les quelques photos montrées, il s'agit de cygnes tuberculés, c'est-à-dire appartenant à l'espèce fréquemment domestiquée par l'homme dans les parcs et par les amateurs d'oiseaux d'ornement. Il arrive souvent que de tels oiseaux reprennent leur liberté.

Cette même situation se retrouve également chez de nombreuses autres espèces. Sur plusieurs plans d'eau de notre département nous pouvons observer régulièrement des variétés d'oies et de canards en provenance d'élevages et ayant retrouvé leur liberté.

 

Ne peut-on pas imaginer que les oiseaux migrateurs vont rapporter ce virus de leurs quartiers d'hivernage en Afrique?

Soyons sérieux... Que sait-on aujourd'hui de la mortalité des oiseaux sauvages et des oiseaux domestiques en Afrique ? En Asie pour les pays atteints par l'influenza aviaire n'aient pas pu limiter la prolifération de cette peste vers une grande partie du reste de notre planète. Est-ce la faute des oiseaux migrateurs ou des conditions d'élevage ? Certains oiseaux sauvages qui séjournent en Asie migrent en hiver vers le Sud, vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande par exemple.

Alors comment se fait-il que la grippe aviaire n'ait pas encore fait des ravages sur ces continents ?

Des observateurs ont remarqué que la progression de la maladie de la Russie vers l'Europe de l'Ouest ne suit pas forcément le trajet des oiseaux migrateurs, mais plutôt celui du Transsibérien autour duquel sont organisés les changes commerciaux.

Vous sous-entendez que les hommes sont en tête de toutes les espèces migratrices...

Combien d'hommes franchissent chaque jour les frontières (par avion, en voiture…) et rentrent chez eux sans avoir subis une quelconque décontamination ? Les pouvoirs publics ont eu raison d'interdire toute manifestation présentant des oiseaux de cage, quand on sait que parmi les éleveurs honnêtes et respectueux des consignes vétérinaires, il y a aussi des marchands peu scrupuleux qui essaient d'écouler des oiseaux exotiques issus de trafics échappant à tout contrôle sanitaire.

Alors les oiseaux migrateurs sont -ils les coupables ou les victimes ?

Il faudrait savoir si les oiseaux retrouvés morts étaient ou pas porteurs du virus H5N1 en provenance de leur lieu d'origine ou s'ils ont été foudroyés par ce même virus déjà présent dans la région où ils faisaient escale. Or à ce jour, bien des questions restent en suspens. Quant à nous, continuent leur travail d'évaluation et de suivi sur notre département.

http://www.ladepeche.com/aff_art.asp?ref=200603221864

 

 

 

Publié dans Ornithologie

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