Suite du 1er AVRIL
Suite du 1er AVRIL de nos amis du CLICANOO
[ profitez en pour prendre le temps de lire les éditos de Jacques Tillier ]
AM nous avait fait part de cette histoire de Manchots qui avait valu de nombreux commentaires ...l'article du 1er avril
SOCIÉTÉ
Le poisson d’avril qui a fait le tour du monde
Le sort des manchots de l’archipel de Crozet dans les TAAF a ému la planète entière. De Cape Town, à Pittsburgh en passant par la Guyane et le Québec, les internautes se sont transmis la fausse nouvelle sur l’éventualité d’une contamination au virus H5N1 de ces paisibles oiseaux marins. Certains doutent même encore que cela puisse être un simple poisson d’avril...
[7 avril 2006]
DES INDICES ASSEZ VISIBLES
Entre-temps, la fausse nouvelle s’était répandue et avait entraîné une foison d’avis d’experts plus ou moins autorisés. Ce fut le cas notamment d’un certain Henry L. Niman qui officie sur le site www.recombinomics.com. Dans une note lisible sur son site et reprise par d’autres médias électroniques, ce “professionnel” américain n’avait pas manqué de relever que “l’Antarctique est relativement proche de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et de l’Australie” et d’en conclure qu’une contamination des manchots (pinguins en anglais) montre bien que l’épizootie s’étend dans le monde entier. Comment un professionnel, dont paraît-il le site fait référence dans la chasse au H5N1, a-t-il pu se laisser prendre à une aussi grossière supercherie ? C’est d’autant plus étonnant que, dans la plus pure tradition du poisson d’avril, le texte incriminé était parsemé d’indices assez visibles, permettant à un lecteur un minimum attentif de déceler par lui-même le canular. Le premier indice est un hommage à l’un des pères fondateurs de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le regretté Professeur Choron. Une allusion très franco-française, il faut bien le reconnaître. Mais, en revanche, quand dans l’article il est fait référence au “rectum” des oiseaux, le doute n’est plus permis. N’importe quel élève avant de finir le collège a appris que les oiseaux n’ont pas de rectum mais un cloaque, l’orifice commun des voies urinaires, intestinales et génitales des oiseaux. D’autres internautes sur le site www.curevents.com n’ont pas manqué eux de s’étonner que le virus puisse ainsi franchir la barrière des espèces, oubliant un peu vite que les manchots sont des oiseaux qui, certes ne volent pas, mais qui restent tout de même des oiseaux. Le responsable du site Flutrackers qui a pris la peine d’appeler la rédaction du JIR depuis le Québec a même dû “retirer plusieurs commentaires à caractère anti-français”, de son forum de discussion, “je recevais en moyenne plus de 50 courriels virulents par jour ce week-end”, écrit aussi notre lecteur Québécois. Sur son site, cette histoire a pris une dimension assez incroyable.
UNE LEÇON DE GÉOGRAPHIE
Certains internautes sont allés jusqu’à vérifier la position du Marion-Dufresne sur des sites spécialisés pour s’assurer qu’il était toujours dans les TAAF ou en route pour la Réunion. D’autres se sont inquiétés que le navire des TAAF lui-même soit le vecteur et puisse contaminer les autres districts austraux. Les sites francophones n’ont pas été en reste à l’exemple du blog influenza.H5N1 dont le responsable ne semble pas apprécier de s’être laissé berner. Même réaction du côté du webmaster du site www.chikungunya.net. Jean-Hugues Mausolé n’est pas content du tout et estime qu’“écrire un article sur ce sujet relève à (son) sens de l’inconscience et de l’irresponsabilité journalistique”. Personne ne lui a demandé de reprendre les articles du JIR et si cette fois cela a pu mettre à mal le “sérieux de (son) site”, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Plus grave encore, plusieurs internautes, outre-Atlantique, n’arrivent toujours pas à admettre qu’il soit seulement question d’un poisson d’avril. D’aucuns y voient “une manipulation gouvernementale” pour étouffer l’affaire. Faut-il en sourire ou s’en alarmer ? Au moins, à défaut d’avoir pris une leçon de biologie élémentaire, les internautes du monde entier auront appris où se trouve l’archipel de Crozet... et finalement ce n’est déjà pas si mal.
Pierre Leyral