H5N1 :Professeur Sylvie van der Werf Mars 2006

Publié le par member RJP

Le professeur Sylvie van der Werf, qui dirige le laboratoire de génétique moléculaire des virus respiratoires à l'Institut Pasteur à Paris, fait le point sur le virus H5N1.

Sylvie van der WERF. – On connaît depuis longtemps les virus grippaux chez les oiseaux. Ce virus H5N1 est un descendant du virus qui a été responsable d'une épidémie aviaire à Hongkong avec quelques cas humains en 1997. Par rapport à celui de 1997, celui qui circule aujourd'hui a déjà fait l'objet de plusieurs échanges génétiques avec différents autres virus grippaux. Au fur et à mesure du développement de cette épidémie, a émergé un génotype particulier du H5N1 dit Z. C'est aujourd'hui ce virus Z que l'on retrouve en Europe et en Asie et qui est responsable des cas humains. Il est hautement pathogène et infecte les volatiles avec un taux très élevé de mortalité.
Finalement, des virus grippaux qui tuent les volatiles, ce n'est pas nouveau.
Des virus hautement pathogènes, il y en a déjà eu aux États-Unis, à Mexico... Mais ce qu'il y a de vraiment nouveau, c'est que ce H5N1 s'est répandu de façon massive depuis 2003. C'est cette extension géographique qui est totalement inédite et qui fait parler désormais non plus d'épizootie mais de panzootie. On ne connaît pas de situation comparable, avec une dissémination géographique très importante associée à une mortalité non pas seulement des volatiles domestiques mais des oiseaux sauvages. La manière dont le virus circule dans la faune sauvage n'est pas claire, mais le fait qu'elle soit à la fois victime et vecteur de l'épidémie est un schéma que l'on ne connaissait pas.
La faune sauvage par le biais des migrations est-elle le seul vecteur ?
Les oiseaux migrateurs jouent sans doute un rôle. Mais il y a aussi les activités humaines, avec le commerce mondial de poussins et des volailles. Il y a aussi les déplacements des personnes qui pourraient par exemple par le biais des roues de voitures ou les semelles de chaussures, transporter des déjections d'oiseaux porteuses de virus et capables de contaminer des élevages de proches en proches. Le schéma actuel de développement de l'épidémie ne colle pas avec une contamination strictement liée aux migrateurs. Personne aujourd'hui n'a une vision parfaitement claire des voies de la diffusion mondiale du H5N1.
 
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L'article sur le site du Figaro

 

 

Publié dans Virologie

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R
Bien vu CaT<br /> seulement voilà je me souviens d'une adaptation soulignée par notre ami Deufy sur les canards sauvages ( si ma mémoire est bonne).<br /> Donc la Nature sait faire et sait donner une antidote mais les volailles isolées ne peuvent s'adapter, trop isolées? cela reviens à dire que l'isolement engendre une dangerosité?
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C
merci rpj, pour cet article formidable !<br /> j'en retiens ceci:<br /> "Par exemple, dans l'espèce humaine, quand un nouveau virus arrive, il frappe une population non immunisée au départ, avec un fort taux de contamination et de troubles cliniques. Et puis la population s'immunise progressivement et le virus s'adapte et devient alors moins virulent. Mais ce schéma n'est pas valable dans la population des volatiles où la durée de vie est très courte et où des nouveaux animaux «naïfs» sont produits sans arrêt. Nous sommes dans la configuration d'un virus nouveau frappant des individus sans arrêt nouveaux... On peut aussi imaginer que ce virus hautement pathogène évolue pour retrouver son statut de virus aviaire classique. "<br /> animaux «naïfs», producteurs naïfs ???<br />  
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